Le témoignage de Didier nous rappelle qu’une réintégration scolaire réussie ne vient pas forcément clôturer la prise en charge d’un enfant malade. Et il nous rappelle surtout qu’il faut parfois lutter contre ses propres doutes, que la réussite du projet est peut-être ailleurs : dans ce qu’a transmis une présence chaleureuse, sensible, exigeante parfois, encourageante toujours, démontrant à l’enfant notre confiance en ses capacités d’apprentissage et en son avenir.
“Le 11 janvier, je propose à Victor un jeu avec l’ordinateur. Il s’agit du logiciel « J’ai trouvé » de Gallimard Jeunesse. Face à la nouveauté, Rémy prend goût, sans toutefois se passionner. Trouvant le mouvement de la souris un peu imprécis, il souhaite même que ce soit moi qui joue ! Cela lui a toutefois permis de faire des exercices de recherche et un peu de lecture. (…) Nous reprenons la lecture. Victor a retenu certaines lettres et est plutôt positif, contrairement aux autres fois.
(.) Le 3 février, c’est ma dernière entrevue avec Victor. La conversation est assez amusante : « Avant qu’tu pars, j’pourrais faire un dessin pour que tu te souviennes toujours de moi ? » Il travaille. J’arrête le cours un peu plus tôt pour qu’il puisse faire le dessin qu’il m’a demandé de faire. Il me dessine une maison avec une latte. Il est très méticuleux. « Tu t’souviendras toujours de moi, hein ? Quand j’étais petit, j’rêvais d’être un artiste, maintenant je deviens presqu’un artiste. (…) Parfois, je m’ sens comme dans une télé. J’pense que tout le monde me regarde… C’est peut-être parce que je regarde trop la télé ? » « Tu ne m’oublieras jamais. J’en suis sûr et certain. »
Et moi qui croyais que mon travail ne servait pas à grand-chose, que Victor n’avançait pas dans la lecture ! Voici que je découvre tout à coup que je deviens important pour lui… Et quelle ne fut pas ma joie lorsque, le 16 février, je téléphone à sa maman pour savoir comment s’est passée la rentrée et que je l’entends, heureuse et détendue, me dire que tout s’était bien passé, que sa peur avait disparu et qu’il est content d’aller à l’école (même si la réussite de l’année reste très problématique). C’est drôle… je ne sais pas qui, de moi ou de Victor, a apprivoisé l’autre, mais une chose est sûre, nous sommes devenus importants l’un pour l’autre. Merci Victor ! “