Au mois de mai, coup de téléphone de « L’Ecole à l’Hôpital et à Domicile » : une jeune fille malade depuis mars désire suivre des cours pour rattraper son retard. Le conseil de classe l’autorise à passer en 6e à cette condition. Son retour à l’école est prévu pour septembre.
Je rassure la jeune fille et ses parents, nous irons à son rythme suivant son état de santé et de fatigue, car ses traitements sont très lourds, mais il s’agit de ne pas laisser « rouiller son jeune cerveau ».
Mi-juin nous commençons les cours, bien vite je réalise que Julie sera prête pour la rentrée. Le premier septembre est là, elle désire faire son retour à l’école, mais les complications de sa maladie se multiplient et l’angoisse naît. Ce sera peut-être pour la Toussaint : non, pour janvier : non plus. Il faut se résigner, la sixième n’est pas pour cette année scolaire. C’est lourd, les traitements continuent avec tous leurs effets secondaires. Mais nous, Julie et moi, nous avons aussi décidé de continuer. Depuis septembre, nous avons commencé le programme de sixième avec une semaine de décalage par rapport à sa classe. Julie est toujours partie prenante malgré sa fatigue, parfois il faut alléger le cours. De temps en temps, nous nous arrêtons cinq minutes pour discuter de sa maladie ou de ses craintes que j’essaie toujours d’apaiser. En juin, les cours s’arrêtent. Julie profite pleinement de ses deux mois de vacances. Son état de santé s’améliore, elle peut commencer sa sixième malgré un traitement plus léger qu’elle doit encore suivre. Nous décidons de recommencer les cours à la rentrée pour être sûres de sa compréhension des cours. Mais là, quelle surprise après la première interrogation : un SMS me dit « J’ai 20 sur 20 ! ».
J’avais les larmes aux yeux. Après cela, ses résultats continuèrent à être très bons tout au long de l’année grâce à son travail et grâce à ma présence à ses côtés, ce qui la rassurait. En juin, nouvel SMS : j’ai réussi, c’est notre victoire. Notre victoire bien sûr, mais c’était surtout son travail. Pour moi, quelle joie et quelle récompense. Elle m’invita à sa proclamation. Plusieurs prix d’excellence y furent attribués : le prix du meilleur parcours scolaire, du meilleur travail de fin d’études. En mon for intérieur, je me disais que là on récompensait les aptitudes intellectuelles des élèves, mais qu’il y avait d’autres qualités humaines qui sont aussi importantes dans la vie. Mais oh bonheur Julie fut aussi appelée sur l’estrade et récompensée pour son courage et son attitude positive devant l’épreuve qu’elle avait traversée. Ses résultats scolaires (une distinction) et son prix furent ma récompense. Je ne l’oublierai jamais. Je m’étais engagée pour trois mois, ce furent deux ans, mais quelle expérience enrichissante fut ce combat contre la maladie autant pour Julie que pour moi.