Durant mon travail à EHD, le contact avec les élèves rencontrés au cours des dernières années dans un contexte hors école m’a permis d’aller au-delà de l’enseignement pour rencontrer des êtres humains avant de voir des élèves. Une rencontre m’a beaucoup apporté. Elle s’est étendue sur un an au cours duquel j’ai pu voir un gamin atteint d’un cancer évoluer dans son milieu familial particulièrement pauvre et dans le milieu hospitalier qu’il a fréquenté jusque peu avant son bref retour près des siens pour leur faire ses adieux. Que de retenue dans le comportement et que de maturité rapidement acquise. Que de satisfaction dans un regard et un sourire lors du franchissement d’une étape de la connaissance. Que d’interrogations aussi en quittant l’hôpital après une leçon en se demandant si la prochaine leçon aura lieu. Dans ce monde d’incertitude ou malheureusement de quasi-certitude sur l’avenir de l’enfant, je suis convaincu que l’empathie est une arme puissante pour compléter ce que la médecine tente de guérir.
Le moment le plus fort que j’ai vécu avec lui a été la lumière éblouissante de son regard lorsque j’ai pu lui annoncer qu’il avait réussi ses tests de fin de sixième année primaire que nous avions préparés ensemble et que j’avais obtenu l’autorisation de lui faire passer sur son lit d’hôpital. Il tenait énormément à cette victoire qui le mettait sur pied d’égalité avec ses amis et gardait ouverte la porte de l’espoir même si je suis persuadé qu’il en connaissait le degré d’entrebâillement. Vu sa connaissance de l’espagnol, je l’appelais « caballero ».
C’était un vrai chevalier !